Cameroun, Edea (2012-2016)
Pour un meilleur apprentissage de la lecture dans l’enseignement primaire
Lire, écrire et pouvoir s’exprimer en français, une nécessité pour améliorer l’avenir d’un enfant.
Mais comment y arriver lorsque la méthode globale n’est pas adaptée, que les enseignants ont 80 enfants par classe ?
Le démarrage du projet
Monsieur Biyiha, conseiller municipal à Edéa (province de la Senega Maritime), souhaitait un vrai projet d’amélioration de l’enseignement dans les écoles publiques de sa ville.
Il s’est adressé à Esf. Pascale Riffet s’est sentie concernée par le projet. Elle a décidé de profiter de son voyage dans la région, en mai 2012, pour rencontrer, avec Monsieur Biyiha, les Autorités Municipales, le Préfet et les Conseillers à l’Enseignement de la ville d’Edéa.
Elle a pu également visiter des écoles de ville et de brousse, rencontrer des directions ainsi que des enseignants.
Qu’a-t-elle constaté ?
- Un vrai projet d’amélioration de l’enseignement dans les écoles publiques.
- Des enseignants dévoués, mais désarmés face aux effectifs pléthoriques que l’on « case » comme l’on peut dans des locaux souvent dégradés.
- Des élèves disciplinés, mais manquant du minimum de fournitures et livres scolaires.
Convaincue par la pertinence de la demande des conseillers municipaux, Pascale s’est attelée dès son retour à préciser le projet, conformément à la démarche méthodologique d’Esf.
L’objectif du projet s'est concrétisé petit à petit et se centre sur l'amélioration de l'apprentissage de la lecture. Ce qui n'empêche pas de garder un rêve initial: la mise en route d'un bibliobus qui circulerait entre les écoles de ville comme de brousse.
En octobre-novembre 2013 a lieu une première mission sur le terrain. L’équipe belge a proposé un travail spécifique sur « la conscience phonologique » pour les enfants de section d’initiation au langage (SIL, classe d’enseignement maternel) et de cours préparatoire (CP, 6 à 8 ans).
Béatrice Hardy (institutrice maternelle, conseillère pédagogique) et Maryline Léonard (directrice d’école fondamentale, conseillère pédagogique) ont travaillé avec près de 130 enseignants et directeurs d’école venant d’une trentaine d’écoles de brousse ou de la ville d’Edéa et de ses alentours. Elles ont mené des activités en classe avec des enfants et des enseignants et ont également été associées aux journées UNAPED (Unité d'adaptation Pédagogique) lors desquelles une approche théorique et des exercices pratiques ont permis de sensibiliser les participants à la nécessité de travailler la conscience phonologique. Ce travail est en effet primordial pour améliorer l'apprentissage de la lecture en permettant aux enfants de percevoir, découper et manipuler les unités sonores du langage, telles que les mots, les syllabes, les rimes.
Ces échanges pédagogiques ont été très bien accueillis et un partenariat solide a pu se mettre en place grâce au soutien de Théophile Tchahana directeur d’école et coordinateur pédagogique et de Baho Henock conseiller municipal et responsable logistique. Le coordinateur pédagogique d'Edéa nous a d'ailleurs annoncé en décembre 2013 qu'une Amicale des partenaires d'Esf du Cameroun s'était constituée à Edéa, regroupant des enseignants désireux de poursuivre les activités pédagogiques entamées durant la formation et de rester en lien avec l’équipe belge. Un contact régulier est depuis assuré.
Avril 2014 : Mission sur le terrain de deux semaines menée par Jean-Gauthier Heymans (instituteur spécialisé en FLE/FLS), ColetteTromme (institutrice maternelle spécialisée en ateliers de langage) et Maryline Léonard qui, elle, participait à la première mission et réalise ainsi ce que nous appelons le « tuilage ».
L'objectif était d'aller un peu plus en profondeur dans le travail de la conscience phonologique au travers de modules de 2 jours avec 4 groupes d'enseignants. Chaque fois le même schéma: d'abord une matinée de travail avec les enfants; ensuite un débriefing avec les enseignants à propos des activités observées et puis des apports théoriques. La lecture n'est pas seulement un acte de décodage. Le phonème, les syllabes, les mots de la phrase, la discrimination auditive et visuelle, voilà des éléments importants pour un apprentissage plus efficace. Des astuces méthodologiques, bien appréciées des enseignants, ont été mises en évidence et lors du dernier module plusieurs enseignants se sont lancés dans l'animation d'une séquence de leçon. Durant cette période d'avril,les enseignants, comme les élèves, étaient en vacances. Cependant ils ont été nombreux à participer à ces formations. Des directions d'écoles, des animateurs pédagogiques représentant l'inspection et même des personnes venant de Douala, de Kribi et de Puma y ont participé. également.
Avril 2015 : pour cette 3ème mission, ce sont Chantal Hotaux (institutrice primaire) et Béatrice Hardy (institutrice maternelle, conseillère pédagogique) qui se sont envolées vers Edéa. Cette dernière assurait le tuilage puisqu'elle a participé à la 1ère mission.
Comme lors de la mission précédente, le travail s'est concrétisé par l'organisation de modules de 2 jours dans 4 écoles rassemblant des enseignants des Bassins d'Edéa 1 et 2.
Les objectifs visaient principalement les stratégies de lecture en lien avec le savoir parler et le savoir écouter.
Le matin, des activités étaient menées en classes avec des enfants de niveau 1 (P1-P2) et de niveau 2 (P3-P4). Le début de l'après-midi était quant à lui consacré à des échanges pédagogiques avec les enseignants à propos des activités observées et à des apports théoriques complémentaires. On peut relever comme évolution par rapport à la mission précédente le fait que chaque jour, la première leçon était toujours donnée par un enseignant camerounais.
Le bilan fait lors de la réunion de synthèse qui rassemblait 60 enseignants (l'amicale, les conseillers pédagogiques, les directions et les enseignants) était très positif. Les responsables politiques et pédagogiques du Bassin d'Edéa ont souhaité obtenir un rapport d'évaluation de la mission, ce qui témoigne de leur intérêt. L'amicale Esf Cameroun est sollicitée par le responsable de la Sanaga maritime pour animer des journées de formation dès la rentrée scolaire dans d'autres écoles du bassin.
Dernière mission sur le terrain:
A la mi-février 2016, Chantal, Agnès et Claude partaient à Edéa pour clôturer le cycle des formations dispensées au cours des trois missions précédentes.
L'accueil de nos hôtes enseignants d'Edéa fut digne et reflétait bien le climat d'amitié et de collaboration qui s'était instauré entre nos deux associations depuis 2012.
La première semaine fut consacrée à un rappel des formations données les années précédentes. Etant donné que cette mission avait lieu en dehors des vacances, les enseignants camerounais assuraient leurs cours les matinées et nous rejoignaient l'après-midi afin de compléter leurs acquis pour l'apprentissage de la lecture.
La deuxième semaine se passait dans différentes écoles de l'entité d'Edéa et les leçons étaient données chaque fois par un enseignant ayant participé à toutes les séances de formation. Après chaque leçon, un debriefing était fait avec tous les enseignants et les directions d'école.
Vraiment, nos collègues camerounais étaient au meilleur niveau et c'est ainsi qu'à la fin de la mission, nous pouvions leur remettre un diplôme de formateur afin d'étendre ce qu'ils avaient acquis auprès d'enseignants et d'écoles en dehors d'Edéa.
Mission accomplie pour tout le groupe d'Edéa qui, en Belgique, a travaillé pendant 4 années complètes.
Carnet de route n°73, Juin 2016 (PDF)
Carnet de route n° 71, juin 2015 (PDF)
Carnet de route n° 69, juin 2014 (PDF)